La fin d’un discours très applaudi.—
Présentation du docteur Samuel Fergusson — « Excelsior ». — Portrait
en pied du docteur.— Un fataliste convaincu.— Dîner au Traveller’s club.—
Nombreux toasts de circonstance.
«
On raconte qu’un Anglais
vint un jour à Genève avec l’intention de visiter le lac ; on le fit monter
dans l’une de ces vieilles voitures où l’on s’asseyait de côté comme dans les
omnibus : or il advint que, par hasard, notre Anglais fut placé de manière à
présenter le dos au lac ; la voiture accomplit paisiblement son voyage
circulaire, sans qu’il songeât à se retourner une seule fois, et il revint à
Londres, enchanté du lac de Genève.
Le
docteur Fergusson s’était retourné, lui, et plus d’une fois pendant ses
voyages, et si bien retourné qu’il avait beaucoup vu. En cela, d’ailleurs, il
obéissait à sa nature, et nous avons de bonnes raisons de croire qu’il était un
peu fataliste, mais d’un fatalisme très orthodoxe, comptant sur lui, et même
sur la Providence ;`il se disait poussé plutôt qu’attiré dans ses voyages, et
parcourait le monde, semblable à une locomotive, qui ne se dirige pas, mais que
la route dirige.
« Je
ne poursuis pas mon chemin, disait-il souvent, c’est mon chemin qui me
poursuit. »
On
ne s’étonnera donc pas du sang-froid avec lequel il accueillit les
applaudissements de la Société Royale ; il était au-dessus de ces misères, n’ayant
pas d’orgueil et encore moins de vanité ; il trouvait toute simple la
proposition qu’il avait adressée au président sir Francis M ...et ne s’aperçut
même pas de l’effet immense qu’elle produisit.
Après
la séance, le docteur fut conduit au Traveller’s club, dans Pall Mall ;
un superbe festin s’y trouvait dressé à son intention ; la dimension des pièces
servies fut en rapport avec l’importance du personnage, et l’esturgeon qui
figura dans ce splendide repas n’avait pas trois pouces de moins en longueur
que Samuel Fergusson lui-même.
Des
toasts nombreux furent portés avec les vins de France aux célèbres voyageurs
qui s’étaient illustrés sur la terre d’Afrique. On but à leur santé ou à leur
mémoire, et par ordre alphabétique, ce qui est très anglais : à Abbadie, Adams,
Adamson, Anderson, Arnaud, Baikie, Baldwin, Barth, Batouda, Beke, Beltrame, du
Berba, Bimbachi, Bolognesi, Bolwik, Bolzoni, Bonnemain, Brisson, Browne, Bruce,
Brun-Rollet, Burchell, Burckhardt, Burton, Caillaud, Caillié, Campbell, Chapman,
Clapperton, Clot, Bey, Colomieu, Courval, Cumming, Cuny, Debono, Decken,
Denham, Desavanchers, Dicksen, Dickson ; Dochard, Duchaillu, Duncan, Durand,
Duroulé, Duveyrier, Erhardt, d’Escayrac de Lauture, Ferret, Fresnel, Galinier,
Galton, Geoffroy, Golberry, Hahn, Halm, Harnier, Hecquart, Heuglin, Hornemann,
Houghton, Imbert, Kaufmann, Knoblecher, Krapf, Kummer, Lafargue, Laing,
Lajaille, Lambert, Lamiral, Lamprière, John Lander, Richard Lander, Lefebvre,
Lejean, Levaillant, Livingstone, Maccarthie, Maggiar, Maizan, Malzac, Moffat,
Mollien, Monteiro, Morrisson, Mungo-Park, Neimans, Overwev, Panet, Partarrieau,
Pascal, Pearse, Peddie, Peney, Petherick, Poncet, Prax, Raffenel, Rath,
Rebmann, Richardson, Riley, Ritchie, Rochet d’Héricourt, Rongâwi, Roscher, Ruppel,
Saugnier, Speke, Steidner, Thibaud, Thompson, Thornton, Toole, Tousny, Trotter,
Tuckey, Tyrwitt, Vaudey, Veyssière, Vincent, Vinco, Vogel, Wahlberg, Warington,
Washington, Werne, Wild, et enfin au docteur Samuel Fergusson qui, par son
incroyable tentative, devait relier les travaux de ces voyageurs et compléter
la série des découvertes africaines.
(...)
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