Échecs-sténo

(English translation here)

 

 

Les Échecs-sténo (ES) se proposent de jouer avec une suite d’instructions échiquéennes simples, lesquelles sont assemblées en chaîne de caractères.

 

Exemple d’une telle chaîne : ghFxFT3xo#

 

Voici le jeu d’instructions complet des ES (toutes les règles des échecs traditionnels sont conservées) :

 

a = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne a

b = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne b

c = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne c

d = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne d

e = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne e

f = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne f

g = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne g

h = occupe (en capturant ou non) une case de la colonne h

 

1 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 1

2 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 2

3 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 3

4 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 4

5 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 5

6 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 6

7 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 7

8 = occupe (en capturant ou non) une case de la rangée 8

 

P = joue un Pion (sur une case vide ou pour capturer)

T = joue une Tour (sur une case vide ou pour capturer)

C = joue un Cavalier (sur une case vide ou pour capturer)

F = joue un Fou (sur une case vide ou pour capturer)

D = joue une Dame (sur une case vide ou pour capturer)

R = joue le Roi (sur une case vide – roque compris –, ou pour capturer)

 

x = effectue une capture (que ce soit en passant ou non)

% = effectue une capture de pion en passant

~ = joue un coup (mais qu’il soit légal – comme tous ceux ici)

+ = mets le Roi adverse en échec (que l’échec soit simple, double, à la découverte ou résultant d’une promotion)

= = annule immédiatement la partie

# = mate le Roi adverse (que ce soit directement ou à la découverte)

 

o = effectue le petit roque

0 = effectue le grand roque

T’ = effectue une promotion en Tour [la marque prime (’) ne fait pas partie, en elle-même, du jeu d’instructions ES : elle ne constitue qu’un seul symbole avec la lettre qui la précède]

C’ = effectue une promotion en Cavalier

F’ = effectue une promotion en Fou

D’ = effectue une promotion en Dame

 

[On aura remarqué les différences entre c,  C et C’ ; d, D et D’ ; f, F et F’ ; T et T’, o et 0]

 

Une chaîne se lit de gauche à droite. Les instructions de rang impair sont destinées aux Blancs. Les autres aux Noirs [et les symboles prime ne sont pas comptés ici, comme indiqué plus haut].

 

Pour reprendre l’exemple qui ouvre cette page, la chaîne ghFxFT3xo#  se lira donc comme suit (à défaut d’indication contraire, les instructions s’appliquent à la position de départ sur l’échiquier) :

 

Blanc doit bouger une pièce de manière à occuper une case de la colonne g (que ce soit un déplacement simple ou une capture)

 

Noir doit bouger une pièce de manière à occuper une case de la colonne h (que ce soit un déplacement simple ou une capture)

 

Blanc doit effectuer un mouvement de Fou (que ce soit un déplacement simple ou une capture ; que ce mouvement donne échec ou pas)

 

Noir doit effectuer une prise où que ce soit sur l’échiquier (x)

 

Blanc doit effectuer un mouvement de Fou (que ce soit un déplacement simple ou une capture ; que ce mouvement donne échec ou pas)

 

Noir doit effectuer un mouvement de Tour (que ce soit un déplacement simple ou une capture ; que ce mouvement donne échec ou pas)

 

Blanc doit bouger une pièce de manière à occuper une case de la rangée 3 (que ce soit un déplacement simple ou une capture)

 

Noir doit effectuer une prise où que ce soit sur l’échiquier (x)

 

Blanc doit effectuer le petit roque (o)

 

Noir doit mater Blanc (#).

 

 

Le but des Échecs-sténo n’est pas de retranscrire des parties traditionnelles mais de jouer avec un enchaînement d’instructions qui peuvent paraître étranges ou contradictoires.

 

On remarque en effet qu’à la notation « standard ASCII » (ou même à celle de l’Informateur des Échecs), peuvent correspondre plusieurs chaînes de caractères ES. Ainsi la brève partie suivante :

 

1.g4 h5 2.Fg2 hxg 3.Fxb7 Txh2 4.Ch3 FxF 5.0-0 Th1#

 

... pourra-t-elle fournir, entre autres, les chaînes ES ghFxxT3xo1, 45ghFxCFoh ou ghFxFT3xo# (la dernière est encore celle qui ouvre cette page). [Cliquer ici pour accéder à un bon résumé sur les notations en usage aux échecs].

 

Le but des ES, en fait, est de jouer avec le flou assumé d’une liste d’instructions.

 

Arriverez-vous par exemple à rejouer la partie suivante ? Attention, l’imprécision qui semble attachée à certains coups s’évanouit en allant voir plus loin dans la chaîne. Tous les coups sont forcés, en fait, c’est là tout le charme (?) de l’exercice :

 

dg6FxgxR+x5Cx4+CxFgx+C1+x2xg+5ebxT6+dDCDg4~#

 

 

Autre chose. Nicolas Graner (un ami aux talents protéiformes presque infinis, très souvent cité sur ce site), Nicolas, donc, m’a mis en garde dans une correspondance privée :

 

« Il est impossible, avec ton système, de transcrire précisément le coup < 1.a3 > puisque ni la notation < P > ne convient (trop ambiguë – il y a huit pions possibles), ni < a > (idem, trois mouvements sont envisageables pour occuper une case de la colonne a), ni < 3 > (idem, douze mouvements – entre cavaliers et pions – satisfont à l’instruction d’occuper une case de la troisième rangée) ».

 

Je lui ai répondu que les ES ne visaient pas à transcrire des parties ou des coups réels (comme on l’a vu), mais à construire des labyrinthes dont une seule série de mouvements permet de sortir. Sa remarque, cependant, a continué de me trotter en tête. J’ai donc tenté hier (29 février 2004) de fabriquer des chaînes de caractères (les plus courtes possibles) destinées à fixer les vingt coups blancs qui ouvrent une partie réelle.

 

Voici le tableau (presque) complet. Il faut le lire ainsi : « Le coup à gauche de la flèche est obligatoirement celui qui ouvre la chaîne de droite »

 

1.a3 ——> 3e2x

1.a4 ——> ab3x

1.b3 ——> be33

1.b4 ——> b~5

1.c3 ——>  ?

1.c4 ——> cb5x

1.d3 ——> 3gR+

1.d4 ——> dex

1.e3 ——> 3f+

1.e4 ——> 4f+

1.f3 ——> 3~~#

1.f4 ——> 4Cf+

1.g3 ——> gd23

1.g4 ——> g~5

1.h3 ——> 3d2x

1.h4 ——> hg5x

1.Ca3 ——> a~1

1.Cc3 ——> c~1

1.Cf3 ——> f~1

1.Ch3 ——> h~1

 

Et voici (4 mars 2004) le même travail pour les vingt premiers coups noirs. Ce deuxième tableau se lit comme le premier : « Le coup à gauche de la flèche est obligatoirement celui qui ouvre la chaîne de droite ».

 

1... a6 ——> CaCx

1... a5 ——> bax

1... b6 ——> ab5x

1... b5 ——> abx

1... c6 ——>  ?

1... c5 ——> bcx

1... d6 ——> c6+

1... d5 ——> cdx

1... e6 ——> ~6~#

1... e5 ——> dex

1... f6 ——>  ?

1... f5 ——> efx

1... g6 ——> hg5x

1... g5 ——> fgx

1... h6 ——> ChCx

1... h5 ——> ghx

1... Ca6 ——> eCx

1... Cc6 ——> ~c~8

1... Cf6 ——> ~f~8

1... Ch6 ——> dCx

 

Nous laissons au lecteur le plaisir de chercher les chaînes de quatre symboles remplacées ci-dessus par le signe < ? >. Les réponses bientôt ici...

 

Nous invitons dès à présent tous les compositeurs à jouer avec la notation ES afin que soit enrichi le beau domaine des problèmes d’échecs sans diagramme.

 

__________

 

Merci à Gilles Esposito-Farèse pour ses remarques et l’idée du symbole ; merci à Mario Richter qui m’a patiemment corrigé plusieurs chaînes sur cette page ; merci à Olivier Pucher pour le symbole = et pour son enthousiasme à jouer avec les ES (voir ici). Merci enfin à Antoine Fourrière pour avoir enregistré les ES (en anglais) sur le serveur de ChessVariants.

[Dernière mise à jour de cette page : 9 mars 2004]

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