Suites et nombres
de Schmitter
Une suite de Schmitter est une suite de nombres entiers tous différents,
construite sur un nom propre, un nom commun, un bout de phrase – ou tout autre
énoncé jugé digne d’intérêt.
Montrons comment se
construit une suite de Schmitter sur le nom (pris au
hasard) de « Frédéric Schmitter ». Deux
instructions suffisent :
1) reproduire le
bloc FREDERICSCHMITTER à l’infini ;
2) remplacer une à
une chaque lettre par le plus petit entier non encore présent dans la suite qui
contient ladite lettre (dans son écriture en français).
On aura ainsi pour
le premier bloc FREDERICSCHMITTER :
neuF 9
zéRo 0
dEux 2
Dix 10
quatrE 4
tRois 3
cInq 5
vingt-Cinq 25
Six 6
trente-Cinq 35
Huit 8
Mille 1000
treIze 13
sepT 7
quaTorze 14
onzE 11
vingt-tRois 23
Ce 1er
bloc FREDERICSCHMITTER produit donc S(1) = 9, 0, 2, 10, 4, 3, 5, 25, 6, 35, 8,
1000, 13, 7, 14, 11, 23.
Voyons le 2e
bloc :
dix-neuF 19
vingt-quatRe 24
douzE 12
Dix-sept 17
quinzE 15
tRente 30
seIze 16
quarante-Cinq 45
vingt-Six 26
Cinquante 50
dix-Huit 18
Mille un 1001
vIngt 20
vingT et un 21
vingT-deux 22
vingt-sEpt 27
tRente et
un 31
Le 2e bloc
FREDERICSCHMITTER donne S(2) = 19, 24, 12, 17, 15, 30, 16, 45, 26, 50, 18,
1001, 20, 21, 22, 27, 31.
Le 3e
bloc FREDERICSCHMITTER produira S(3) = 29, 32, 33, 42, 34, 36, 28, 51, 37, 52,
38, 1002, 43, 39, 40, 41, 44.
Etc.
Voici, après concaténation
de tous les blocs, les 200 premiers termes de la suite (calculés par Nicolas
Graner) :
S = 9, 0, 2, 10,
4, 3, 5, 25, 6, 35, 8, 1000, 13, 7, 14, 11, 23, 19, 24, 12, 17, 15, 30, 16, 45,
26, 50, 18, 1001, 20, 21, 22, 27, 31, 29, 32, 33, 42, 34, 36, 28, 51, 37, 52,
38, 1002, 43, 39, 40, 41, 44, 49, 46, 47, 62, 48, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 1003,
59, 60, 61, 63, 64, 69, 73, 65, 70, 66, 74, 67, 85, 68, 100, 78, 1004, 71, 72,
75, 76, 80, 79, 81, 77, 82, 83, 84, 86, 101, 87, 102, 88, 1005, 89, 90, 91, 92,
93, 99, 94, 95, 97, 96, 98, 103, 104, 106, 105, 108, 1006, 110, 107, 109, 111,
113, 119, 114, 112, 117, 115, 123, 116, 118, 126, 120, 128, 1007, 121, 122,
124, 125, 130, 129, 131, 127, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 148, 1008,
143, 139, 140, 141, 142, 149, 144, 145, 152, 146, 147, 150, 151, 153, 154, 158,
1009, 155, 156, 157, 159, 163, 169, 164, 160, 162, 161, 173, 165, 166, 167,
168, 178, 1010, 170, 171, 172, 174, 180, 179, 181, 175, 177, 176, 182, 183,
184, 186, 185, 188, 1011, 187, ...
Plusieurs
questions se posent :
—> toute suite de Schmitter est-elle
un réarrangement des entiers ?
Non – la suite
ci-dessus, par exemple, ne contiendra jamais le nombre 1 (UN), mais tous les
autres entiers oui. [Une suite produisant tous les entiers est dite complète – celle-ci est donc incomplète
(de peu...)].
—> tout énoncé est-il susceptible de produire une suite de Schmitter infinie ?
Non – les lettres
J, K, W et Y ne figurant dans l’écriture d’aucun nombre français, tout énoncé
qui en contiendrait une (ou plusieurs) verrait sa suite se bloquer
rapidement ; les mathématiciens André Weil
et Jean-Christophe Yoccoz n’iront donc pas loin – ni
Bourbaki...
—> quel serait le premier mot français produisant une suite de Schmitter complète ?
Nicolas m’écrit
que c’est « aalénien », trouvé dans l’ODS5 ou « abaissante »,
selon le Grand Robert 1994 [Wikipedia indique depuis le 1er avril 2009 que
« L’Aalénien est le premier étage stratigraphique du Jurassique moyen ou
Dogger dans l’ère Mésozoïque. Il se situe entre les étages Toarcien (Jurassique
inférieur ou Lias) et Bajocien »].
Les « mots de
Schmitter » sont donc des mots générant des
suites de Schmitter complètes. Un critère suffisant
pour trouver de tels mots est (je cite Nicolas) :
« Contenir
[un E, un I et (un U ou un N)]. Le plus court est NIE. Mais il y a également
tous les mots sans I contenant au moins une lettre de tous les nombres sans
E ; les plus courts sont AXENT/TEXAN, DENTS/TENDS et DUNES ».
—> quel serait le plus petit nombre (écrit en toutes lettres)
produisant une suite de Schmitter complète ?
Nicolas me confirme que c’est 15 (QUINZE) ; 15 est donc le premier des
« nombres de Schmitter ». Voici les autres,
calculés par Nicolas toujours, jusqu’à 110 ;
Nombres de Schmitter : 15, 19, 21, 22, 24, 27, 29, 33, 35, 36,
38, 43, 45, 46, 48, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64,
65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84,
85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 103, 105, 106, 108,
110, ...
[Nicolas :
« Il y en a 860 entre UN et MILLE, 99796 entre UN et CENT MILLE, quasiment
tous à partir d’UN MILLION (sauf les rares liponombres en
E) »]
Que ta vie soit
belle et variée, Frédéric, comme les mots, nombres et suites qui portent
désormais ton nom !