Allez, Ninùk, courage !
Grimper une Espagnole par la face nord sous
les caméras casse pas trois pattesà un canard, tout de mêmen’arrive pas tous les
jours !
Ma partenaire est sexe comme un tronc
d’arbre, une borne, un mouflon, une baleine à bosse, je saisj’ai pas choisi moi
lamignonne si ça se trouve allez !
La perf’, Nin’, du
nerf !
Je crois qu’hier j’ai bien fait d’aller me
coucher à pince, juste relire le règlement, moui, moui, « sera homologué en
présence commissaires, filmer, archiver, objet d’un commerce, d’un droit de
suite… réclamations, tribunal, ablation d’une livre de chair, récompense,
etc. » Bon.
On est étalon ou pas, c’est pour la tune que
M’sieur Grandclaude me poussequ’il m’a inscritsur à faire toujours mieux !
Et m’a délesté du règlement des doigts.
Au petit déjeuner j’ai englouti mon steak aux
spaguettes, du jus d’orange, une platée de céréalespuis l’injexinject la
piquette d’érythropo, car la meuf est costaud, paraît-il, malgré l’lard, et
heureux qu’le contrôle soit assez inch’allah !
Allez Ninùk, va t’laver le tarpon ! —
m’a meuglé Grandclaude toujours aux oignons avec moi quand volettent les Horta
bleus à 2000 sur la ligne d’horizon, ses yeux tournent d’en haut bas comme
cylindre à décilitres pompe à essence, ting, ting, ting.
Je passe à ladoucheet m’astiquer un peu
pourvoir ou vérifier que le calibre tourne toujours, quart de poil à poil, tu
parles si Saturne, et puis j’adore ça, les veinules azur qui saillent, l’arrondi
doux du bout doux bijou, sauve ta jeunesse pour t’à
l’heure !
Grandclaude m’a garderobé nickel, le costume
en soie grège, le filet d’or au revers, le slip à motifs écureuil façon Chip
& Dale, une ficelle électrique jaune, le vrai sorteur classequoi la vraie
classechicosse. Mon gros corps pète la testostérone et le musc je vais vous
enfiler ma gonze, et les images jusqu’à la glotte d’Ali Bab aux merveilles et
plus soif ! Attention les dmoizelles la bête
arrive !
*
Caretta-Caretta est une vaste tortue debout
sur ses pattes arrière au cuir fessu de pas d’âge dure et souple tout de go. Sa
coach à elle c’est une danseuse de flamenco de cent ans ou trente bien ravalée
et noire de partout les cils les sur-cils les cheveux tirés en arrière luisent
comme des câbles Belgacom anthracite, gros vers jetés au fond des tranchées qui
courent sous les épiceries du quartier, les magasins de disques, les hôtels
borgnes, enjambées de passerelles en bois de récup’ à se casser les fémurs au
ras du col. Elle sourit jamais ne jure que par sa base de données son tableur
ses stats à tout bout de champ untel est bon dans les clefs unetelle mord en
suisse. Sur quinze combats ta brute n’en a pas perdu un et je crois que nous le
tenons par quelque chose si ça se trouve il n’aime pas trop la lumière il a
toujours un collyre sous le coude il a vu dix-sept fois l’ophtalmo du Carré en
quatre ans.
Caretta fait ses deux mètres en trapèze,
hanches fortissimo et deltoïdes noueux, carrure en bloc, biscotos est-allemands
vissés sur taille de guêpe, jambes à enchaîner les triathlons ou les barres de
fonte, mais cette peau de tank ! Des écailles, une cuirasse, un drôle de
revêtement taillé à la serpe et aux anaboles, pemmican séché de diurettes,
élastique au cul, granitique ailleurs. Caretta est étudiante en lettres, en
lettres de l’alphabet, et matricule 16880 à l’Anglo-American Gym du boulevard de
la Brigade-Légère.
—
Il m’aura pas ce
braque enfisté !
—
Carmencita, je
voudrais prendre un bain, manger des loukoums, écouter tes Albéniz sous une
palme, somnoler au soleil et qu’on me caresse le front, les tempes de l’ongle,
les commissures du pouce. Ah ! la vie est belle avant d’écrabouiller le
mec ! Tu crois qu’on va se faire battre ? Si je gagne j’irais bien à
Malaga chez tes vandalous ouh ! ouh ! claquer les
pépettes.
Carmen a glissé des batteries neuves dans son portable, fermé les sacs de sport fait chauffer la colle et les pistons de la grosse Mercédès quand tu es dans le catch-as-catch les combats de boue la castagne le karaté full contact t’as intérêt à en jeter plus chrome plus rouge plus mastoc qu’en face d’ailleurs la vie est ainsi faite on peut ajouter des fanfreluches les pompons pour les filles un zeste de strass vulgos et fluo, un début de sein.
Voilà nos gladiateurs roulent vers le ring
des frères Niblung.
*
Thérenze va pour son deuxième papier ce soir
chez les Niblung aussi. Il connaît le bouge, il a souvent vécu ça avec son père
dans les années quatre-vingts, drôle d’endroit pour une éducation sentimentale,
du con des beignes de la came des dents pourries à tous les étages, cette fois
ça passe ou ça casse lui a dit le rédakchef, ton premier truc sur les élections
a été tellement à gerber on comprenait rien on t’a pas demandé de refaire la
roue ni le monde, tu couvres le combat de ce soir si c’est bon c’est bon si
c’est pas bon t’es buiten.
Thérenze a préparé le truc en allant chez
Ninùk l’avant-veille sous l’œil Opusday de M’sieur Granclaude, une interview
banale, mais ça permet de resituer, de recadrer, milieu de vie, nobjets sur la
cheminée, postures, potiches, gros matos gros ampli gros baffles en diptyque
autour du fin lecteur où boudinent les doigts du taureau, dépose d’une galette
d’El Mutloti goes class-X, ça ça donne, même dans le
casque !
—
Ben, je suis en
Belgique depuis deuxcinq ans edmi, je viens du Kazakhstan mais je n’ai jamais
été gratteur !
—
Gratteur ?
—
Oui la sale race les
paysans (moue de dégoût, crachat oblique vers la tinette), moi ma famille est
éleveur, 700 têtes300 deux mille, nous sommes la ’ristocratie, la crème avant la
chute, mais voilà chuiréfugié maitnant et j’ai faicette rencontre avec lui à la
frontière, devenu mon patron, joué quelques films esspéciaux puis combats quand
il faut, la nature a été prodigalnéreuse avec moi, de partout, jvous montre
pas ! — et son œil de bison rigolard cligne à la masse des
lecteurs.
—
J’la coupe en deux la
viandasse ce week-end foi de bleu-blanc-Kazakh !
Laissé Ninùk là pour l’autre couple barjo, les fillettes de Droixhe qui sniffent tout ce qui bouge, sauf l’or des hauts fourneaux. Thérenze prend des notes et des baffes de réel bien saignantes dans la gueule.
*
M’sieur Grandclaude au volant on est passé au carouache. Je peux pas rester en place tellement ça bouillonne j’ai même les pieds qui gonflent. L’érythropo me fout du rouge partout on dirait qjapoplexe il faut que je courre, les jets la mousse la pressionsavon et les bulles qui engainent la voiture c’est pareil dans ma tête.
—
M’sieu chauffeur, je
continuà piedà pattes, faut que je jogge un peu, on s’retrouve au Niblung je
passerai par le yougod’à côté !
À mesure que j’approche de la salle les affichplacardss se font plus nombreuses, nos noms tout au top en majuscules grasses, Caretta/Espagne contre Ninùk/Belgique Grande Finale de Sodskin aussi sur C17 en payperview 20 euros. Je renverse une gamine sans le faire exprès, pardon, jt’avais pas vue sur tes rollers, ’tention…
Une petite queufile tournicote devant la caisse, je passe par le yougo puis dans le hall. Je vais au bar où vrombent quelques copines au foie canari, maquillées parfumées flanquées de pingouins nets comme des trésoriers de parti, elles se collent contre moi, m’agacent le chibre discrétos dans un rire Sauternes, Sancerrouge, Maes Pils, ça pue, ça me monte au cerveau, ça me fait de l’effet bœuf tous ces minous chauds qui mouillent à mes cuisses.
M’sieur Grandclaude fait la police, touche un ponte ou l’autre, passe en loucedé à la caisse, enfarfouille et palpe, il fume sa Dunhill, malade menthol d’éternel, une seule cig par combat, rien entre deux y a pas pire qu’le cancer, en famille on tumérise à mort — c’est pipeau touça, j’te connais monpatron !
Thérenze est à deux pas, gris déjà de l’eau de toilette de ces dames, de bière qu’il écluse depuis une heure, de chaleur et d’angoisse, il vient des loges espagnoles où Carmencita l’a rembarré, rien à dire, quand Caretta-Caretta s’explique avant la représentation, dans 73,2 % des cas ça lui porte malheur. Il revient vers moi mais j’ai plus trop l’temps je lui fais signe quenon, après peut-être en gestuelle pour aveugles.
Bon faut qu’j’aille me changer, dommage de quittroquer le costume de soie pour le slibard Tarzan, allez, qu’on en finisse avec les Sévillanes, qu’on entermine. Je récupère mon paquet de bunnies derrière le bar, y en a chaque fois un peu moins on m’en faucheonme pique mes revues dégueu c’est pour rêver puis ça aidera t’tàl’heure.
*
Huile, huiiile ! — réclame la salle platine iridiée à blanc massée à la chauffe autour du ring enfumigé. Grandclaude dévisse le jéroboam que l’arbitre a déposé dans notrcoin et se met à m’en tartiner allègrement le derme. Une des extras comme on les appelle, torse nu participe au raout et frotte-frotte contre moi sous la pluie première pression. Infusés de sérum ses seins brillent comme crapauds en rut piégés dans des phares de bagnole.
En face ma torera moite fait pareil. Un cultu carnassier en string hilare montre tout l’émaildents sous la poisse du liquide et mime l’amour à la tortuepas trop moche la poulette ça va, walkyrie, riz-pain-sel, selle de ch’val.
Le p’tit Thérenze gribouille des trucs en desserrant son nœud pap, il a chaud et le coude d’un photographe dans l’œil. Qu’est-ce que j’en ai à foutre des papiers de chiasse sur le sport moi, j’veux mon père.
La salle thermonucléaire entend le gong. L’extra siliconée se décolle de mézigue, ça fait un plop ! de ventouse, ôte en émoi sa main de ma culotte à craquer, me roule un patin, quand tu veux Ninùk elle souffle rauque à mon oreille, allez c’est parti sous les tubes mats et remote des caméras indiscrètes.
*
Thérenze n’a rien vu, s’est pris une apophyse dans la tempe par le photographe énervé, a tourné de l’œil. L’autre a cillé à peine, changé de boîtier pour du noir et blanc façon Raging Bull ça paye parfois ces horions visqueux, ces hommes en chaleur aux airs mauvais, ces ballets gréco-romains bites raidies de mouches cantharides, couilles molles, chattes et boutons de rose retouchés à fond de teint. Derrière lui le garçon ivre a roulé, sonné par le bruit, les mandales tombaient comme plâtre ensacqué dans les douze cordes.
*
J’ai mis mon pal 75 au fond de la poétesse, ça m’a demandé trente minutes et des litres de sueur je lui ai claqué la face dans l’huile et la sciure.
C’était chorégraphié d’avance aije su des lunes après par mon boss. Ma tête bourdonne toujours en attendant, j’ai pris trop de coups à la cabeza, les kilocycles en saccade disjonctent et m’empêchent de penser vite. Mes yeux brûlent : mets-moi des goutt’ chérie steplaît à rayure, elles sont là dans la pochette sous le transat’.
Je me repose sur la Costa la Panne, piscine, l’alzheimer sera loin bientôt, comme la phphasie, dix jours et cesra cool.
Caretta-Caretta me masse la nuque aux onguents chinois, on estsommes potes, devenus potes, nos enfants feront trois mètres de haut comme à Tchernobyl, hauts, si hauts, trop hauts pour gratter la terre.
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