Humilier un homme au lit
– les gestes à
faire, les mots à dire –
Une enquête de Noëlle Clou pour Gael
Vous avez réussi à le séduire, à le coincer
dans la chambre et à le contraindre de passer bientôt à l’acte. Voici quelques
trucs infaillibles pour ruiner tous vos efforts et provoquer la débandade
générale de tous les Ritons, Jean-Philippe et Romain
du monde. Témoignages.
1. L’attaquer au corps
« Je suis debout en slip, un peu gêné,
elle me pousse vers la fenêtre, ouvre grand les rideaux pour faire entrer la
lumière, me tient par la main, me fait tourner lentement comme un yearling à
Deauville. Après un long silence et un dernier scan de la tête aux pieds
elle lâche : « Mes copines avaient raison, c’est fou ce que les
rayures amincissent ! » – Eh bien je les ai remises, mes rayures, et
je suis parti en trottinant, vexé à mort ! »
[Alessandro, 28 ans, éleveur]
« Elle a sorti sa main du seau à glace,
roulé mon machin dans ses doigts, puis s’est mise à jurer en espagnol : cabron ! Sous la morsure du froid Popol jouait les nouilles. J’avais peur qu’elle me griffe,
en plus, avec ses ongles rouges façon faucilles. Nous en sommes restés là. Il
restait du champagne, heureusement ! »
[John, 26 ans, décorateur]
« Je lui ai ôté son pull, elle a
déboutonné ma chemise... puis s’est arrêtée en pouffant de rire : elle
n’avait jamais vu un homme aussi poilu que moi. C’est vrai que je fais un peu
yeti en fourrure d’hiver, tout nu – mais quand elle m’a demandé si ma mère
avait une aussi belle moustache que moi, j’ai pété un câble ! »
[Jean-Lou, 40 ans,
fromager]
2. Débiner sa famille
« On en était à peine aux préliminaires,
bisous dans le cou, caresses, regards éperdus, quand Vanille (que je ne
connaissais que depuis trois semaines) se recule brusquement : « Elle est pas possible, ta mère, avec son short blanc et ses
Converse ! Tu lui donnes un raquette, elle a
quand même l’air d’un ramasseur de balles ! Il y en a d’autres, des nains
de jardin comme ça, chez vous ? » Le passing-shot m’a coupé le
souffle. J’ai abandonné le match et suis retourné au vestiaire. Et puis Vanille,
tu parles d’un prénom ! »
[Carlos, 34 ans, coach]
« Je me souviens d’un geste qui m’a
totalement bloqué il y a quelques années. J’étais au lit avec une amie
d’enfance, laquelle commençait toujours par me faire un « massage facial
relaxant, comme à l’institut de beauté ». Je suis donc sur le dos, la
nuque relevée par une serviette. Ramah est assise sur
moi, les jambes écartées, penchée en avant, me massant les tempes. Les yeux
mi-clos je vois ses seins gonfler sous son tee-shirt – et commence à défaillir.
Elle murmure soudain, dans une sorte de brouillard : « C’est fou, si
je te bride un peu les yeux, comme ça, on dirait que je fais l’amour à ton
frère ! » Pour le coup, ça m’a bridé complètement. Je me suis dégagé
fissa, prétextant un coup de fil. Si vous saviez quel abruti c’est, mon frère,
en plus !
[Hocine, 26 ans, restaurateur]
3. Douter de ses performances
« La dernière fille avec qui je suis
sorti était un vrai canon, j’étais assez fier de la montrer partout.
Malheureusement au lit les choses se passaient moins bien. Je me suis douté de
quelque chose une première fois quand elle m’a demandé de faire attention aux
câbles de l’iPod : elle écoutait Nirvana
pendant que je lui faisais l’amour ! Le plus fou c’est quand elle criait Rape me, rape me my friend, rape
me again ! en cœur avec
Kurt Cobain, sans remuer d’un iota – un tronc d’arbre au milieu du lit... La
seconde fois c’est quand j’ai compris qu’elle fumait aussi, en plus d’écouter
de la musique, et qu’elle se souvenait du dessin de toutes les moulures de tous
les plafonds de tous les hôtels où je l’emmenais... On a rompu le soir de mon
anniversaire : en guise de cadeau elle m’avait offert une poupée gonflable
prénommée Cindy, comme elle ! Message reçu, ma miss Belgique ! Je me
suis envolé. »
[Bernardo, 30 ans, photographe]
« L’affaire avait mal commencé. En me
poussant sur le lit elle avait dit : « J’espère que tu seras toujours
aussi beau quand j’aurai dessaoulé ! » Au fur et à mesure que j’ôtais
mes vêtements, ses rires redoublaient : « T’as vraiment un goût de
cochon pour les fringues, toi : c’est ta femme qui
t’habille ?! » Quand on a commencé à se caresser, elle s’est relevée
d’un bond : « Attends, j’éteins la lumière, ce sera plus facile pour
moi – de rêver ! » Mais quand elle s’est redressée encore pour aller
rallumer, j’ai craqué : elle avait oublié que dans le noir sa webcam,
branchée en direct sur son site, ne voyait plus rien ! » Pour moi
c’était tout vu : bye bye, la
vicieuse ! »
[Rodrigo, 32 ans, antiquaire]
4. Le brancher hygiène
« Celles qui me parlent de maladies,
même deux heures avant, me paralysent complètement. Le sida, évidemment, même
si je me protège toujours les premières fois. Mais l’herpès, le zona, les
cystites, ou l’eczéma – quelle horreur ! Sans parler des champignons, des
boutons, des rougeurs... et même des coups de soleil ! Pour casser
l’ambiance il suffit de m’agiter un dictionnaire médical sous le nez : je
m’enfuis tel un vampire poursuivi par des gousses d’ail ! »
[Lucien, 40 ans, imprimeur]
« Dès que je connais un peu une fille,
nous faisons l’amour sans préservatif. Et ma phobie revient. Car mon Adèle va
sûrement me parler tôt ou tard du bébé que Chantal vient d’avoir. Et s’arrêter
devant les vitrines de vêtements pour enfants. Puis me décrire la layette
aperçue dans tel ou tel film... Ça y est, je stresse grave. Si je remets un
préservatif mon Adèle va croire que je la trompe – et si je n’en mets pas je
suis sûr d’avoir des jumeaux dans l’année ! Ne me parlez pas de bébé, les
filles, je détumesce à fond ! »
[Leonardo, 34 ans, dentiste]
5. Ranger la pudeur au vestiaire
« Moi je déteste qu’on soit impudique,
qu’on se promène nus dans l’appartement pendant des heures, qu’on parle de sexe
en termes médicaux ou avec des mots trop crus... Il me faut des pénombres de
sous-bois, du romantisme adolescent, des draps de soie et du mystère... Je
préfère que tout se passe en douceur, lentement, très tard le soir ou tôt le
matin, quand villes et campagnes sont assoupies... Si Jaklyne
me saute au paf en éructant : « Alors, gamin, tu me baises maintenant
ou à la Saint-Glin-Glin ?! », je préfère la
Saint-Glin-Glin...
[Éric, 45 ans, enlumineur]
« Les mots et les gestes qui
tuent ? J’ai demandé à mes potes, voici ce qui les fait fuir : les
filles qui veulent qu’on les frappe, celles qui veulent qu’on les paie (!), les
exhibitionnistes qui ne prennent leur pied qu’en public, celles qui disent que
l’amour et la mort c’est pareil et qui mettent les doigts dans la prise, celles
qui ont besoin d’objets et d’accessoires bizarroïdes ou qui veulent les tester
sur nous, celles qui ont toujours un DVD porno dans leur sac ou des adresses de
sites bien crades, celles qui racontent tout en direct à leur copines par GSM
(en chiquant à grand bruit), celles qui se lavent une fois par an sans tirer
les rideaux de la douche, celles qui crient pour montrer aux voisins qu’elles
savent recevoir, elles aussi... »
[Iwan, 33 ans, interprète]
__________
[Quelques brèves pour tout gâcher
en un clin d’œil]
Elle à lui :
- Ne me décoiffe pas, s’il te plaît !
- Tu as de la pénicilline chez toi ?
- Essaie de respirer par le nez sinon tu n’y
arriveras jamais !
- Attention à mon maquillage, banane !
- Tes parents sont riches ?
- Je crois que j’ai oublié de prendre ma
pilule, hier soir...
- Quel tampon ?!
- Oui, ton oreiller est celui du chat, en
fait...
- Ben évidemment que je me suis lavé les
dents ?!
- Tu sais que mon père est mort dans ce
lit ?
- Oui, mais pour ça ce sera 50 euros de
plus !
- Quand je pense que c’était ton copain brun
que je draguais !
- Avoue que ça serait plus marrant à
plusieurs !
- Mmmmh !
la pizza qu’on va manger après !
- Ah, Roberto... euh, Sergio !
- Tu sais que tu fais ça presque aussi bien
que mon ex ?!
- Mais oui tu es le seul – vous me posez tous
la même question !
- Tu saignes du nez ou c’est moi qui...
- Tu sortiras le chien et les poubelles
ensuite, d’accord ?
- Ta femme et tes enfants sont toujours en
vacances ?