« C’est vrai ce mensonge ? »
— une
enquête de Noëlle Clou pour Gael —
[Publiée en août 2002 p.78]
Eh oui, il faut
regarder les choses en face, nos chéris nous mentent parfois comme des
arracheurs de dents ! Voici quelques situations et quelques réparties qui devraient
vous mettre la puce à l’oreille — que vous soyez sa petite amie, sa femme, son
amante ou sa patronne...
Le premier soir, il
n’assure pas au lit :
– excuse-moi, mais tu
es trop belle pour moi ! J’te jure, ça me paralyse !
– ah, j’avais oublié,
c’est la faute à la vodka-citron ! Quand tu me l’as proposée tout à
l’heure, je n’ai pas osé refuser, ça me fait toujours le même effet !
– je ne comprends
pas, c’est la première fois de ma vie — si on fêtait ça au cinéma ?
– il fait froid ici,
tu ne trouves pas ? On se les gèle, non ?
– tu sais que ces
draps me rappellent furieusement la chambre de ma mère ?
– attends,
rassure-moi, on n’est pas le troisième samedi du mois d’août ?! — Non, je
ne peux pas t’expliquer...
– tiens, je t’ai déjà
parlé de mon accident de parapente ?
– ça doit être la
fatigue, je ne fais que ça depuis six mois...
Il a oublié votre
anniversaire :
–
déjà ?! mais tu rajeunis ou quoi ? j’ai l’impression qu’on l’a fêté
hier ! Bravo chou, tu m’as bien eu !
– bien sûr
que je le savais que c’était ton anniversaire ! Mais je ne disais rien
parce que je suis en train de te préparer une surprise ! Et cette surprise
a pris un peu plus de temps que prévu... Ah non ! pas question que je t’en
dise plus !
– chérie,
je me demande si je ne suis pas atteint d’Alzheimer, j’oublie tout ces
temps-ci... Tu t’appelles comment encore ?
– tu vas
rire, je travaille sur un calendrier chinois pour l’instant et je me suis
emmêlé les pinceaux !
– mais je
l’ai fait exprès ! je me suis forcé à oublier ton anniversaire afin de le
fêter tous les jours de l’année ! Ma présence est le plus beau des
cadeaux, non ?!
Vous l’avez vu au
bras d’une autre :
– mais tu
rêves, je n’ai jamais mis les pneus dans ce quartier !
– ah, je
crois que tu fais erreur, à cette heure-là j’étais avec toute la force de vente
au bist... au séminaire du patron !
– mais
enfin du sais bien que les brunes pulpeuses à la poitrine refaite ne sont pas
mon style !
– c’est
impossible, depuis que je sors avec toi les autres ne m’intéressent plus du tout...
– je
rendais service à une collègue du service qui voulait rendre jaloux un type du
service d’à côté, qu’est-ce que tu imagines...
– moi,
avec une fille vulgaire en mini-jupe et talons de dix centimètres ? Plutôt
mourir de honte !
– mais
enfin, tu sais bien que je déjeune tous les jours en tête-à-tête avec le Monde
diplomatique — et c’est déjà assez dur à piger comme ça pour
m’encombrer de Thérè... pardon, de quelqu’un !
– c’était ma
cousine Léa, tu sais, le mannequin anorexique, moche et déprimé qu’on voit
partout. Je la conduisais à la pharmacie à cause d’une chute de tension...
– le métro
a crevé un pneu et j’ai dû le remplacer
– quand
j’ai beamé mon Palm vers le PC, ce matin, j’ai planté le set-up
de l’horloge ; le temps de debugger et me voilà, sorry darling !
Tu n’es pas trop upset, I hope ?
– pardon,
j’ai attendu ¾ d’heure au carrefour suivant avant de me souvenir que c’était
celui-ci !
– juste au
moment où je sortais, y a ma mère qui m’a tenu la jambe une plombe à propos de
sa voiture en panne. Au téléphone ? Non, pas au téléphone, pourquoi ?
– j’avais
peur d’être en avance alors je suis parti un peu plus tard...
– j’étais
là bien dans les temps mais j’ai dû retourner chercher le pantalon.
Il rentre à la
maison... et empeste l’alcool :
– moi chou ?
Ah pardon ! je ne suis ni chou, ni vivre : je n’ai pas
lu une goutte !
– c’est à
cause du pot d’adieu d’un collègue au bureau. Un dimanche ? Oui, et
alors ?
– je
voulais me donner du courage pour te dire que je t’aime toujours autant — et
même plus !
– je suis
passé au supermarché faire quelques courses, tous les rayons étaient vides sauf
la bière ! C’est fou ça, non ?
– ce n’est
pas moi qui sens l’alcool, c’est ma langue ! J’ai dû bouffer quelque chose
et avoir une réaction...
– c’est
l’anniversaire du patron du bistrot en bas et on m’a obligé à rester...
– je ne me
souviens plus de rien — juste d’un type en casquette qui a pris mes empreintes,
je ne sais pas pourquoi...
Il s’est coupé en
bricolant et refuse d’aller chez le médecin :
– c’est
rien du tout, ça va guérir tout seul ;
– j’y ai
déjà été, ce type est nul ;
– j’ai
fait cinq années de médecine, je peux te dire que c’est rien ;
– je
risque d’attraper quelque chose chez le docteur, autant pas y aller ;
– je n’ai
pas de mutuelle ;
– ça ne
fait pas mal du tout ; tiens, il te reste un peu de morphine ?
– c’est
tout à fait normal que ça gonfle et que ça devienne violet, c’est même bon
signe !
– je ne
sais plus où il habite, le médecin, je tombe jamais malade !
– c’est
guéri, regarde... enfin, presque...
– inutile
de demander notre chemin à ces gens, ce sont tous des touristes, tu vois
bien !
– et puis
d’abord je ne suis pas perdu, on va franchir une petite rivière dans deux
kilomètres environ, j’ai déjà pris ce raccourci l’an dernier...
– c’est
exprès que j’allonge la route, c’est tellement plus joli par ici !
– d’accord
on n’avance pas, mais on est pas pressés, non ? Ah, j’avais dit le
contraire il y a cinq minutes ?
– ces
nouvelles cartes sont beaucoup moins bonnes que les anciennes.
– les
parcours fléchés c’est magouilles et compagnie pour te faire voir du pays...
– tu sais
bien qu’en famille c’est nous, les garçons, qui avons le sens de
l’orientation !
– tiens,
c’est pas la pompe où l’on s’est arrêté il y a une heure ?!
Il mate des images X
sur Internet :
– ce n’est pas ce que
tu crois, c’est de la pub que je reçois sans arrêt dans mon courrier !
– je cherche les
horaires des trains et voilà sur quoi je tombe ! Dingue ces pirates,
non ?
– eh bien c’est du
joli ! Tu as vu ce qu’on trouve aujourd’hui sur Internet ?! J’étais
loin d’imaginer ça !
– je dois faire un rapport
pour le boulot sur les moyens de filtrer certains sites — ne crois pas que je
me rince l’œil une seconde !
– encore des images
débiles que m’envoie Gérard ! Cette fois-ci je vais lui faire comprendre
que ça suffit !
– tiens, tu
connaissais cette position, toi ? Ça te dirait ? Plutôt
vomir ? — Je suis bien d’accord, tu as raison, je demandais comme ça,
pour être sûr...
Il ronfle au lit
comme un élevage de porcs bretons :
– pas du
tout, c’est toi qui entends des voix !
– encore
heureux, ça prouve que je suis toujours en vie ! tu imagines si je
mourrais dans mon sommeil ?! (oui, bon débarras !)
– tu es la
première à me dire ça !
– je
respire un peu fort après un bon repas, c’est vrai — mais ça m’arrive une fois
par mois, maximum !
– tu
ronfles aussi et je ne dis rien — demande à tous nos amis !
– ah, si
on se faisait des câlins plus souvent, on passerait des nuits beaucoup plus
relax tu sais. C’est même écrit sur la boîte, regarde !
– nous
n’avons jamais ronflé dans notre famille, je crois que tu confonds avec ton
ex !
– tu
devrais essayer aussi, on se réveille zen et dispos, je te dis pas !
__________
Une autre façon de
mentir, très répandue chez les diplomates, les politiciens et les compagnons de
nos vies agitées, c’est la langue de bois. Elle est beaucoup plus
difficile à décrypter — mais on y arrive, avec un peu d’habitude. C’est ainsi
que : « Fais un break, chérie, tu vas te ruiner la
santé ! » veut dire en réalité : « Arrête ce putain
d’aspirateur, j’aimerais suivre le match à la télé ! ».
De même faut-il
traduire le gentil : « Je peux t’aider pour le repas ? »
en « Alors, c’est pas encore prêt ? Je crève de faim
moi ! ».
Voici donc, pour les
novices, les naïves ou les innocentes, un petit dictionnaire macho
« ce qu’il dit / ce qu’il pense » :
On partage les tâches
domestiques ?
= je fous le bordel
et tu nettoies.
On va être en retard
au restaurant
= chouette, je vais
pouvoir conduire comme un taré !
Si, si, je
t’écoute !
= je me demande si
cette blonde porte un soutien-gorge...
Ne t’inquiète pas, je
sais très bien où nous sommes !
= je suis
complètement paumé.
Je ne sors jamais
avec quelqu’un du boulot
= non mais t’as vu ta
tronche ?
= encore trois verres
comme ça et elle se fout à poil !
= tu es la seule qui
ne m’envoie pas valdinguer !
= si elle me demande
de répéter ce qu’elle vient de dire, je suis foutu !
= un jour tu me le
paieras !
= je vais me bourrer
la gueule avec mes potes.
= jamais vu un film
avec des gonzesses pareilles !
= et elle, elle est
baisable.
= et un compte en
banque en rouge, un !
(Pendant le
shopping) : ah oui, cette robe-là est superbe !
= prends n’importe
quoi et rentrons !
= j’espère que
personne ne me voit avec ce thon.
= tu fais ce que je
te dis, point barre.
= alors cette bière,
ça vient ?
=
je préférais comme tu étais avant.
=
moi, je vais m'allonger sur le sofa et dormir.
=
il n'y a pas de foot ce soir à la télé.
=
je t’ai suivie toute la journée : on baise ?
= toi, tu portes un
Wonderbra.
=
j’ai du bide...
Et voici la liste
des 30 mensonges que les hommes racontent le plus (et se racontent à l’abri
des oreilles indiscrètes, le soir au fond des clubs privés, avec des petits
rires aussi lourds que les volutes de leurs cigares) :
– on va juste se
coucher l’un contre l’autre, je te serre dans mes bras et on n’ira pas plus
loin
– ma femme ne me
comprend pas
– fais-moi confiance,
je m’occupe de tout
– non, je ne suis pas
marié, qu’est-ce qui te fait croire ça ?
– ça ne te fera pas
mal, promis !
– on restera toujours
ensemble
– tu payes cette
fois-ci, je paierai la fois suivante
– je n’ai jamais fumé
de ce truc-là
– je vais réparer ça
ce week-end
– ça y est, je
divorce, c’est l’affaire de quelques jours !
– je ne regarde plus
qu’Arte à la télévision
– ce n’est pas pour
l’argent, c’est pour le principe
– oui, votre chèque
est parti ce matin Monsieur, je l’ai signé personnellement
– nous sortons
déjeuner pour parler affaires
– si ça ne tenait
qu’à moi il n’y aurait pas de parkings réservés
– je serai bref
– t’inquiète, on peut
faire encore 30 kilomètres quand la jauge indique « vide »
– ... mais nous
pouvons rester bons amis si tu veux
– elle ne représente
plus rien pour moi, c’est une vieille histoire
– tu peux y aller, il
n’a jamais mordu personne
– je te rappelle dans
un instant
– tu es la première
avec qui je fais ça
– maintenant je vais
te dire la vérité
– non, ce bruit est
tout à fait normal, c’est étudié pour
– j’ai essayé de te
joindre toute la matinée
– nous ne ferons
l’amour que quand tu voudras bien
– bien sûr que je
suis capable de programmer le
magnétoscope
– je vais répondre
très franchement à ta question
– les choses ne
peuvent pas empirer
© Noëlle Clou (et Google)
__________
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