L’ombre de François Le Lionnais
Tout
a commencé par un message de Robert
Rapilly, adressé à la liste Oulipo le 10 août 2010 :
Chère Liste,
Une photo du 2 janvier 1936 nous montre François Le Lionnais penché sur un échiquier :
http://www.oulipo.net/oulipiens/docs/francois-le-lionnais-et-les-echecs
Connaît-on l’auteur de la photo ?
Lis-je bien la disposition des pièces :
- cavalier blanc g1
- pion blanc a2 - pion blanc c2 - pion blanc g2 -
roi blanc h2
- dame blanche f3
- tour noire a5 - pion noir h5
- pion blanc c6
- tour blanche b7 - fou blanc c7
- roi noir a8 - tour noire e8
Les spécialistes des échecs y verront-ils quelque
malicieuse mise en scène du fraisident-pondateur ?
Ou alors l’auteur de la photo, à qui ne restent que
3 pièces, voulut-il immortaliser son imminente et débonnaire mise à mort par
FLL ?
Salut amical,
R.
Je
me mis aussitôt à considérer la position – laquelle en effet se révéla
remarquable : il y a mat en un coup, QUEL QUE SOIT LE CAMP AU TRAIT !
Et je mis cette découverte en ligne, avec remerciements d’usage :
a b c d e f g h
Si
FLL est au
trait, et qu’il dirige les Blancs, alors mat en un coup : Ta7++ ou
Tb8++ !
Si
FFL n’est pas au trait, même
solution, même mat en un coup en fonction du coup noir !
En
effet :
Si
les Noirs sont au trait, et qu’ils veulent parer le mat en un coup, ils ne peuvent
le faire qu’en plaçant une Tour sur la diagonale a1-h8. Ils gagnent du temps,
pensent-ils...
Mais
si Noir joue Ta5-d5, Blanc mate quand même avec Ta7++ ! Et si Noir obstrue
la diagonale avec l’autre Tour, en jouant Te8-e4, alors Blanc mate avec Tb8++...
On
comprend la présence du pion Noir en h5 : il empêche Noir d’échapper à son
sort grâce à un échec parasite sur la colonne h... En revanche le Fc7 eut pu
être remplacé par un pion (blanc) -- mais la symétrie du diagramme aurait alors
mis trop facilement sur la voie de la solution.
Bravo
à Élisabeth qui a subodoré une
composition (magnifique) -- merci à Robert
pour avoir signalé la page d’origine de ce beau document photo, et merci à Gilles pour avoir relu et corrigé les
lignes que vous venez de lire...
à+
É.
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Patatras,
Jean Fontaine met tout ce bel
édifice par terre, quelques instants plus tard :
> Si j’interprète
bien l’ombre portée sur les cases c6 et d6, n’y a-t-il pas une pièce sur c6 ?
> Un pion blanc
semble en effet se profiler derrière le fou blanc.
L’ombre !
Je n’avais pas vu l’ombre qui barre d6 !
Selon
Jean Fontaine nous aurions alors le diagramme suivant :
a b c d e f g h
Et
Jean Roche de répondre aussitôt – il
avait trouvé la solution de ce nouveau diagramme :
>
Ça doit être ça parce que ça devient un joli problème en trois coups dont la
clé est 1. Rh1 (blocus), et selon la réponse des Noirs la Dame blanche attaque
les deux tours noires à la fois d’une façon (une seule à chaque fois) ou d’une
autre.
La
(double) confirmation vint le lendemain, par Noam Elkies de la liste Retros (où j’avais soumis la position) et par Jean Roche lui-même :
[ÉA sur Retros]
>
This is another kind of retro-analysis I’m looking for ;-)
>
The hereunder link shows a 1936 picture of François Le Lionnais.
>
He stares at a game of chess. Or at a chess problem?
[...]
>
... but someone claims now that "there is a pawn on c6 [...]
[Noam Elkies sur
Retros] :
Indeed there is. That makes it a mate in 3 by
Shinkman.
See <http://www.xs4all.nl/~timkr/tour/forks.htm>.
Enjoy,
--NDE
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Retros mailing list
Retros@janko.at
http://www.pairlist.net/mailman/listinfo/retros
[JR sur
Oulipo] :
> Ne cherchez plus (enfin, je n’empêche
personne...), c’est un classique : William Shinkman,
Detroit Free Press, 1882.
Fin
de l’histoire ? — Vous n’avez pas l’impression que FLL tient une pièce dans sa main gauche ?
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Un
petit coup de blanc ? Ici.