Assouan
en avril. Il fait chaud, obsédant.
Dans une mare,
mare à boue, Abou Sieff, effendi
directif, tifs tous ras, ramassé, s’écria : « Ah là là ! »
Là plus loin, un
fellah aviné, nez cassé,
sénescent 100%, sanglotait : « T’es à bout… ».
Abou Sieff,
efficace, asséna naïvement mensonger : « J’ai fait mat !
Matraquage ! Je voudrais raisins secs, sec whisky, kil de rouge, rouget
frais, fraise d’agneau, eau-de-vie de Vichy, chicorée échalote, lotte au vin,
vin d’ici, six brochettes étuvées, et un thé, thé au lait, lait d’amande,
mandarine, Inch’Allah, al Akbar, armagnac… ».
À côté, théâtral
Aladin, un mufti tyrannique, ictérique, ricanant, enfonçait ses dahlias à
la face à ce sot obstiné, néophyte italien, incroyant en disgrâce.
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Effendi (titre civil ou religieux en Turquie), fellah (paysan arabe), mufti
(interprète de la loi musulmane), ictérique
(malade de la jaunisse).
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Contrainte d’écriture
Contrainte dite du marabout : « J’en ai marre,
marabout… ». Le texte boucle sur lui-même, comme souvent dans ces pages
quand c’est possible.
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