Élisa
B. m’envoya
Jacques Monod : « Le logicien
pourrait avertir le biologiste que ses efforts pour comprendre le cerveau
humain sont voués à l’échec, puisque aucun
système logique ne saurait décrire intégralement sa propre
structure ».
Cité par Jean Bernard dans Variations
sur la création, Le Pommier, 1999, p.88
Pourquoi peut-on avoir une pizza à la
maison plus vite qu’une ambulance ?
Au cœur de la créativité
se trouve la capacité de l’esprit à
l’autoréflexion, l’autoréférence, l’autocompréhension.
James Gleick, Le génial professeur Feynman,
Odile Jacob, 1994, p.355
Pourquoi y a-t-il des stationnements pour
handicapés en face des patinoires ?
Quelqu’un a dit : le génie est
le feu qui s’illumine lui-même.
James Gleick, ibid., p.366
Pourquoi est-ce que le jus de citron contient
des saveurs artificielles et le liquide de vaisselle de vrais citrons ?
Nous nous sentions épiés par
ce témoin muet (le miroir) et c’est ainsi que nous
découvrîmes – au cœur de la nuit de telles découvertes
sont presque inévitables – que les miroirs ont quelque chose
d’effroyable. Bioy Casarès rappela
à cet égard que l’un des hérésiarques
d’Uqbar avait expliqué que le
caractère terrifiant des miroirs mais aussi de l’acte de
copulation tenaient au fait qu’ils multiplient
le nombre des humains.
W.G. Sebald, Les anneaux de Saturne, Actes Sud,
1999, p.90
Pourquoi n’y a-t-il pas de nourriture
pour chat au goût de souris ?
La prise expérimentale de drogue
soulève un problème de cohérence : la drogue ôte la
conscience claire à l’organisme en proie à
l’hallucination ; or, c’est à cet organisme que l’on
demande d’analyser ses troubles, d’être en somme la
conscience des phénomènes d’inconscience provoqués
de manière artificielle par l’hallucinogène : « Avec
sa conscience en loque prendre la mesure de son inconscience » (Connaissance
par les gouffres, p.168). Comme il dit par ailleurs : « Observer
de l’apathie avec de l’apathie, pas facile » (Par
surprise, p.105). C’est le fait chimique de la drogue que de mettre
en évidence cette ambiguïté entre conscience et inconscience
: « La drogue prend en traître, découvre,
démasque des opérations mentales, mettant de la conscience
où l’on n’en avait aucune, et parallèlement en
enlevant là où toujours on en avait eu ». (Les grandes
épreuves de l’esprit, p.12)
Anne-Elisabeth Halpern, Henri Michaux – Le laboratoire
du poète, 1998, p.113
Pourquoi stériliser l’aiguille
qui sert à l’euthanasie ?
La croyance religieuse fait l’objet
d’un respect religieux. Plus personne n’ose être caustique
comme Mark Twain.
Bart Kosko, Heaven
in a chip, Three rivers
press, 1999, p.333
Si l’avion est si sûr, pourquoi
se rendre au terminal ?
Ma voix réapparaissait, assourdie,
accompagnée de la rumination intérieure, comme intime, de
l’appareil (qui s’enregistre lui-même enregistrant).
Jacques Roubaud, Le grand incendie de Londres, Le
Seuil, 1989, p.105
Comment le panneau
« DÉFENSE DE MARCHER SUR
Le seul moment où je me vois, de
façon très régulière, est en fait celui où
je me rase. Ce n’est donc pas vraiment un moment où je me regarde,
les deux opérations n’étant pas possibles
simultanément sans risques.
Jacques Roubaud, ibid., p.129
Les ouvriers de chez Lipton font-ils
une pause café ?
Manger, c’est se manger
soi-même. Tout animal est autophage.
Alain Prochiantz et Jean-François Peyret,
La génisse et le pythagoricien,Odile Jacob, 2002, p.103
Je voudrais acheter un boomerang neuf,
comment puis-je me débarrasser de l’ancien ?
« Les images mentales ne sont
pas des répliques des objets du monde : elles sont
systématiquement combinées avec les connaissances
antérieures. Les résultats d’une telle combinaison ne sont
pas stockés dans un endroit précis du cerveau mais
dispersés dans le cortex. Ainsi, il n’y a pas d’homoncule
qui examine l’état du cerveau : c’est le cerveau
lui-même qui analyse et recrée, puis observe à nouveau ses
propres créations – ce qui correspond aux boucles
créatrices de Harth.
Cela est clair pour les mécanismes
de la vision : les retours du cervelet et du corps genouillé
latéral modifient activement le message purement visuel (à la
commande des niveaux supérieurs, il y a injection d’informations
supplémentaires). Ce mécanisme
d’autoréférence donne l’essentiel des
possibilités du système de vision et Restak
R. a donné des arguments convaincants pour défendre
l’idée que ces boucles de rétroaction sont la règle
dans les mécanismes du système nerveux. »
Gérard Sabah, cité par Mario Borillo
et Jean-Pierre Goulette,
Cognition et création, Mardaga, 2002, p.362
Quand on étrangle un Schtroumpf,
de quelle couleur devient-il ?
Il me faut une idée par phrase, une
vraie idée.
Jean-Pierre Martin, Henri Michaux – lettre
à Franz Hellens, 1925 –, Gallimard, 2003, p.121
Pourquoi les kamikazes portaient-ils un
casque ?
Par nature, j’aime résoudre
des problèmes. Les ingénieurs font ça du matin au soir. Et
c’était ça mon problème.
Richard Ford, Un week-end dans le Michigan,
Payot, 1990, p.357
Pourquoi n’y a-t-il qu’une seule
commission chargée des monopoles ?
– Je ne fais la tête
à personne. Je me fiche complètement de ce que tu m’as dit
tout à l’heure.
– Tu parles. Tu aurais dû voir
ta binette à ce moment-là.
– Regarde-là maintenant, ma
binette.
Je souris d’une oreille à
l’autre, même s’il est impossible de mettre en valeur sa
propre bonne humeur sans aussitôt l’entamer, la détruire et
se laisser envahir par la colère.
Richard Ford, ibid., p.376
Pour arriver le matin à son travail,
comment fait le conducteur du chasse-neige ?
À propos du bouddhisme : le
fait de « se vider », le fait de voir dans le vide,
n’empêche pas de voir le monde et d’être présent
au monde. Au contraire, il suffit de bien se vider – y compris du
bouddhisme.
Kenneth White, Le plateau de l’albatros,
Grasset, 1994, p.223
Comment deviner que la cartouche
d’encre sympathique est vide ?
__________
Et pourquoi faudrait-il
cliquer ici
pour revenir à la page d’accueil ?
Et là
pour lire d’autres « Pourquoi ? »