[Bestiaire
ébloui des lexies tératoïdes]
Chapitre
43
Codes d’épellation
__________
Il
y a peu, vous ouvriez un annuaire des téléphones quelque part dans le monde et
vous tombiez invariablement sur un code d’épellation alphabétique. À croire que
la téléphonie doutât de la qualité de ses propres lignes.
Sous
nos latitudes le code d’épellation le plus célèbre est probablement celui que
popularisa Mort Shuman avec son immarcescible Allô,
Papa Tango Charlie ! :
Alfa, Bravo,
Charlie, Delta, Echo, Foxtrot, Golf, Hotel, India, Juliett, Kilo, Lima, Mike, November, Oscar, Papa, Quebec, Romeo, Sierra, Tango, Uniform,
Victor, Whiskey, X-ray, Yankee, Zulu.
À noter, les variantes
orthographiques que l’on rencontrera ici ou là selon les répertoires (la graphie
en tête est celle que recommande le Secrétariat Général de l’Union
internationale des télécommunications, sis à Genève) :
alfa/alpha, charlie/charly, foxtrot/foxtrott, juliett/juliet/juliette, oscar/oskar, victor/viktor, whiskey/whisky,
zulu/zoulou.
Tiens, savez-vous qu’un tel code
existe aussi pour les chiffres ? Voici comment transmettre un chiffre en
langage aviateur (la prononciation est un mélange d’espéranto et
d’anglais) :
0 = Nadazero
1 = Unaone
2 = Bissotwo
3 = Terrathree
4 = Kartefour
5 = Pantafive
6 = Soxisix
7 = Setteseven
8 = Oktoeight
9 = Novenine.
La virgule se dit Decimal et le point Stop.
Le code aviation tel que
présenté ci-dessus, fut adopté en 1955 par l’UIT et l’ICAO (International
Civil Aviation Organization), puis par toute une
série d’autres administrations dont l’Otan.
Cette façon de transmettre
l’alphabet n’est évidemment pas la seule en vigueur dans le monde. On épelle
différemment selon les pays – et c’est souvent charmant.
Voici par exemple, pour la
francophonie scrabbleuse, le code utilisé en compétition :
Algérie, Belgique,
Canada, Danemark, Égypte, France, Grèce, Hongrie,
Italie, Jordanie, Kenya, Luxembourg, Maroc, Norvège,
Océanie, Portugal, Québec, Roumanie, Suisse,
Tunisie, Uruguay, Venezuela, Wallonie, Xénophon,
Yougoslavie, Zaïre.
On notera que les deux derniers
pays ne sont plus vraiment ce qu’ils étaient...
Voici, selon le Secrétariat cité,
comment on épelle en téléphonie internationale – Code A français d’abord, Code
B anglais ensuite.
International français,
code A :
Amsterdam,
Baltimore, Casablanca, Danemark, Edison, Florida,
Gallipoli, Havana, Italia,
Jérusalem, Kilogramme, Liverpool, Madagascar, New
York, Oslo, Paris, Québec, Roma, Santiago, Tripoli,
Uppsala, Valencia, Washington, Xanthippe, Yokohama,
Zurich.
Quand ce code est cité dans
certains répertoires étrangers, les graphies changent légèrement. Les accents
de Québec et Jérusalem peuvent tomber, Xhantippe
s’écrire ainsi, Upsala comme ça. Mais que dire
de Casablanka et Madagaskar...
International anglais, code
B :
Alfred, Benjamin,
Charles, David, Edward, Frederick, George, Harry,
Isaac, Jack, King, London, Mary, Nellie, Oliver, Peter, Queen, Robert, Samuel, Tommy, Uncle, Victor, William, Xray, Yellow, Zebra.
Nous avons trouvé dans un vieil
annuaire belge les épellations (francophones et intérieures) suivantes (on utilise souvent un code pour les transmissions à l’intérieur d’une
communauté donnée, et un autre pour sortir d’icelle) :
Arthur, Bruxelles,
César, David, Émile, Frédéric, Gustave, Henri,
Isidore, Joseph, Kilogramme, Léopold, Marie,
Napoléon, Oscar, Piano, Quiévrain, Robert, Simon,
Téléphone, Ursule, Victor, Waterloo, Xantippe, Yvonne, Zéro.
De même pour le service intérieur suisse
francophone (qui est le plus féminin – dix
prénoms !) :
Anna, Berthe,
Cécile, Daniel, Émile, François, Gustave, Henri,
Ida, Jeanne, Kilo, Louise, Marie, Nicolas,
Olga, Paul, Quittance, Robert, Suzanne, Thérèse,
Ulysse, Victor, William, Xavier, Yvonne, Zurich
(savourons discrètement cette Quittance
helvète...).
Le service intérieur français
aligne :
Anatole, Bernard,
Cécile, Denise, Émile, François, Gérard, Henri,
Irma, Joseph, Kléber, Louis, Marcel, Nicole,
Oscar, Pierre, Quinze (?), Robert, Suzanne, Thérèse,
Ursule, Victor, Wagon, Xavier, Yvonne et Zoé.
Remarquons qu’Émile est
transmis parfois de l’étranger vers la France pour marquer le e accentué
aigu (nous n’avons trouvé nulle part d’attestation pour
les autres accentuations françaises possibles ê, è, ë, à, ù, ï, etc.). Il
est possible pourtant de trouver dans certains répertoires allemands des mots
qui caractérisent les umlauts, les ch, sch et autres ss : ainsi Ärger,
Charlotte, Ökonom, Schule,
Übermut, Eszett.
Quelques autres alphabets pour
terminer :
Flamand (les
épellations ressemblent furieusement à celles en usage francophone intérieur
belge) :
Arthur, Brussel,
Carolina, Desire, Emiel,
Frederik, Gustaaf, Hendrik, Isidoor, Jozef, Kilogram,
Leopold, Maria, Napoleon,
Oscar, Piano, Qualiteit, Robert,
Sofie, Telefoon, Ursula, Victor,
Waterloo, Xavier, Yvonne, Zola.
Néerlandais :
Anna, Bernhard,
Cornelis, Dirk, Eduard, Ferdinand, Gerard, Hendrik, Izaak,
Jan, Karl, Lodewijk, Marie,
Nico, Otto, Pieter, Quotient, Rudolf, Simon,
Teunis, Utrecht, Victor, Willem,
Xantippe, Ypsilon,
Zaandam ; ij se codant par Ijmuiden.
Le plus vieux (1916 – U.S. Army) :
Able, Buy, Cast, Dock,
Easy, Fox, George, Have, Item,
Jig, King, Love, Mike, Nap,
Opal, Pup, Quack, Rush, Sail,
Tape, Unit, Vice, Watch, X-ray, Yoke, Zed.
Le plus étrange (tiré du Yearbook of Universala
Esperanto-Asocio 1995) :
Asfalto, Barbaro, Centimetro, Ĉefo,
Doktoro, Elemento,
Fabriko, Gumo,
Ĝirafo, Hotelo,
Ĥaoso, Insekto,
Jubileo, Ĵurnalo,
Kilogramo, Legendo,
Maŝino, Naturo,
Oktobro, Papero,
Rekordo, Salato,
Ŝilingo, Triumfo,
Universo, Ǔ (Universo-hoko), Vulkano, Zinko.
(rappelons que l’alphabet espéranto comporte
28 lettres, soit le nôtre diminué de Q, W, X, Y mais augmenté de six lettres
portant chapeau : Ĉ, Ĝ, Ĥ, Ĵ, Ŝ, Ǔ).
Le plus scout (codage morse des traits par des syllabes en o et des points
par des syllabes sans o) :
Ar/nold, Bo/na/par/te, Co/ca-Co/la, Do/ci/le, Eh, Fa/ran/do/le, Gon/do/le, Hi/la/ri/té,
I/ci, Ja/blo/no/vo,
Ko/hi/nor, Li/mo/na/de, Mo/to,
No/ël, o/por/to,
Phi/lo/so/phe, Quo/quo/ri/quo (!), Ra/mo/neur, Sar/di/ne, Thon,
U/ni/on, Val/pa/rai/so,
Wa/gon-poste, Xro/ca/dé/ro (!!), Yo/chi/mo/to
(?), Zo/ro/as/tre.
[Ce site–ci fournira d’autres codes d’épellation pour les amateurs.]
Garçon, s’il vous plaît : bissotwo bières et kartefour
aspirines !
__________
Le fleuriste de notre chapitre précédent
proposait ses edelweiss et oyats, éléis et hélodées,
œillets et ixias, cubèbes et hévéas.
– Qui est Xanthippe ? La
femme de Socrate...
Chapitre
suivant ? Là.
Retour
à la page d’accueil ? Ici.